« Les Mots sont des fenêtres » – expression qui rappelle l’importance du langage comme ouverture sur un monde de possibilités et d’opportunités et titre d’un merveilleux livre de Marshall Rosenberg sur la communication non violente.

La communication non violente (appelée aussi CNV) s’attache à instaurer entre les êtres humains, des relations fondées sur une coopération harmonieuse et authentique, sur le respect de soi et des autres. C’est un outil de communication verbale recommandé pour la résolution de conflits et pour une meilleure relation à soi. Elle encourage à se relier à ses besoins et émotions et à prendre conscience des peurs, des jugements et des interprétations qui nuisent aux relations.


L’origine de la communication non violente

Développée aux États-Unis dans les années 60, par le docteur Marshall Rosenberg, la CNV s’inspire fortement des travaux de Carl Rogers (1902-1987), dont il a été l’élève. Sur les traces de Gandhi, ce nouveau porte-parole de la non-violence aura l’occasion de tester l’efficacité de sa méthode auprès de diverses communautés américaines (école, institutions publiques) en prise aux conflits raciaux et socio-économiques de l’époque. Le succès qu’il rencontre l’amènera alors à créer le Center for Non-Violent Communication à Sherman (Texas).


Principe de la CNV

Il s’agit d’un outil de communication, principalement verbal, qui vise à transformer les conflits en de simples dialogues.

Très souvent les conflits naissent d’émotions négatives que nous ressentons et dont nous identifions la cause à l’extérieur de nous. On donne la responsabilité de notre mal-être aux circonstances et à nos interlocuteurs.

Or, selon la CNV, la mécanique est la suivante : la cause de nos émotions ne réside pas dans la situation observée ni dans le comportement de l’autre, mais dans les besoins que nous avons à l’intérieur de nous.  

Si nos besoins ne sont pas satisfaits nous générons des émotions négatives, identifions un coupable et préparons ainsi les ingrédients du conflit.

Par conséquent le principe de résolution des conflits reviendrait à identifier précisément les faits et l’élément déclencheur du conflit, à identifier nos émotions et comprendre quel est le besoin sous-jacent insatisfait. A cette étape, il est alors possible de formuler une demande pour obtenir satisfaction.


Méthodologie

En pratique, la méthodologie de la communication non violente proposée par Marshall B. Rosenberg dans « Les mots sont des fenêtres » est la suivante :

1. Toute situation doit pouvoir être observée sans juger les autres

La première étape de la CNV est l’observation. Il est essentiel de revenir à la situation objective, dénuée de tout jugement, analyse ou interprétation : que s’est-il objectivement passé ? Quel est l’élément déclencheur qui a provoqué la tension dans la relation ?

2. Chacun doit apprendre à exprimer son propre ressenti

La seconde étape consiste à identifier les émotions que cette situation objective provoque en moi. Marshall Rosenberg a dressé une liste de plus de 200 sentiments et émotions (« positifs » et « négatifs ») pouvant être évoqués à cette étape du processus.

3. Puis à exprimer ses besoins

La troisième étape consiste à repérer les besoins qui se cachent derrière ces émotions : quels sont les besoins fondamentaux que j’ai en moi et qui, parce que satisfaits ou insatisfaits, ont provoqué cette réaction émotionnelle ?

Prenons un exemple : nous avons un rendez-vous avec un ami à 20h. Il arrive à 20h30 sans avoir prévenu de son retard. Nous ressentons une grande colère et l’accusons pour son retard.

Dans ce cas il s’agira de dire OK je ressens de la colère (je cite cette émotion par simplicité ; c’est encore mieux si vous êtes capables d’affiner l’émotion ressentie). Or cette colère n’est pas liée directement au retard de mon ami ou au fait qu’il n’est pas prévenu, mais à la pensée que je me suis pressée pour arriver à l’heure, que j’aurai eu le temps de faire autre chose et que je considère que ma liberté individuelle n’a pas été respectée. Mon ami n’est donc pas la cause de ma colère. Ce sont mes pensées à propos de l’évènement qui le sont. En l’occurrence la pensée que ma liberté individuelle est précieuse et que je voudrais qu’elle soit respectée.

4. À formuler ce qu’il attend de l’autre

A ce stade, qui constitue la quatrième étape de la communication non violente, nous avons alors tous les éléments pour pouvoir formuler une demande claire et concrète pour que nos besoins soient satisfaits.

Pour bien formuler cette demande et se donner la chance de pacifier la relation et ressentir de la satisfaction, quelques éléments doivent être réunis :

  • La demande doit avoir un objectif clair
  • Notre langage doit être positif : dire ce qu’on veut et non ce que l’on ne veut pas.
  • La demande doit être précise : A qui s’adresse t-on ? Que veut-on ? Quand ?
  • La demande doit être réaliste et réalisable.
  • La demande doit être de forme interrogative : « serais-tu d’accord de… ? »

Il est important d’être ouvert à un éventuel refus : une relation basée sur l’empathie et le respect mutuel implique de laisser à l’autre la liberté d’accepter ou de refuser la solution proposée.

Si notre demande est rejetée, il conviendra alors de questionner l’autre pour préciser ses besoins et parvenir, au final, à une solution créative qui lui convient aussi.


Un processus qui marche dans les deux sens

Dans le processus de la CNV, la méthode décrite ci-dessus (observation – sentiments- besoins- demande) s’applique non seulement envers soi-même, mais également à l’égard de l’autre.

Dans une situation de conflit, on a tendance à croire que les actes des autres sont forcément dirigés contre nous. Or le mécanisme généré de l’autre côté de la relation est parfaitement identique.

Face à la situation, l’autre personne a eu un comportement lié directement aux émotions qu’elle a ressenties en fonction du fait que ses besoins étaient ou non satisfaits. Lorsque la personne est entrée en conflit avec nous, sa priorité n’était pas de nous dire non et de s’opposer à notre point de vue, mais de dire oui à ses propres besoins, qui dans le cas d’un conflit ou d’une tension n’étaient pas alignés avec les nôtres.

Communiquer avec l’autre au niveau des besoins réduit quasi-automatiquement l’intensité du conflit et permet d’apaiser la situation.

J’avais plaisir à vous parler de la Communication Non-violente car elle a contribué à m’éclairer sur la qualité de nos relations et sur notre responsabilité face aux événements et à nos émotions. C’est une méthode simple d’application qui nous permet d’être davantage connecté à nous-même, plus conscient et qui apaise et simplifie nos relations avec autrui. C’est un sujet que je vous propose d’aborder lors de sessions de coaching individuel si vous considérez des dynamiques relationnelles, ou un éventuel conflit, comme des freins à votre épanouissement ou simplement si vous devez exprimer un besoin et formuler une demande pour atteindre votre objectif.